Budgétisation par programme : Encore quelques défis à relever
Le Sénégal est prêt à basculer en 2017 dans la mise en œuvre de la budgétisation par programme. Mais pas à 100%, car quelques défis restent à relever pour une mise en œuvre correcte de cette réforme du cadre harmonisé de la gestion de finances publiques.
En matière de gestion des finances publiques, c’est une nouvelle ère qui va s’ouvrir pour le Sénégal à parti du 1er janvier 2017 avec l’entrée en vigueur de la Loi organique relative aux lois de finances (Lolf) 2011-15. Laquelle entraînera d’importantes innovations avec notamment la budgétisation par programme et la mesure de la performance de l’action publique. C’est ce qu’a indiqué samedi dernier Abdou Karim Sock, contrôleur des opérations financières, délégué auprès du ministère de la Santé et de l’action sociale. A en croire M. Sock qui présentait une communication sur la «budgétisation par programme» à l’intention des membres du Collectif des journalistes économiques du Sénégal (Cojes), la budgétisation par programme constitue une importante réforme communautaire édictée par l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) et marque ainsi la volonté de hisser le cadre de gestion des finances publiques au niveau des meilleurs standards internationaux.
Cette budgétisation par programme vise essentiellement à améliorer l’efficacité, mais aussi l’efficience de la dépense publique en se basant sur des leviers aussi importants que la viabilité, la lisibilité et la visibilité de la politique budgétaire dans le moyen et long terme. Mais aussi sur la responsabilisation accrue des acteurs ainsi que la transparence et la sincérité de la mesure de la performance de l’action publique.
A la question de savoir si le Sénégal est aujourd’hui prêt pour mettre en œuvre cette réforme majeure à partir du 1er janvier 2017, M. Sock qui était en compagnie du directeur adjoint de l’Informatique de la direction générale des Finances, François Ndong, a répondu par l’affirmative. «Le Sénégal a pris toutes les dispositions nécessaires pour basculer en 2017», déclare-t-il. Mais pour que cette mise en œuvre puisse s’opérer sans grandes difficultés, MM Sock et Ndong préconisent de relever au préalable un certain nombre de défis. Il s’agit, entre autres, de réformer en profondeur notre Administration, de prendre en compte une possible résistance au changement pouvant habiter les agents chargés de mettre en œuvre les réformes. Dans le même ordre d’idées, ces deux experts estiment qu’il faudrait également mettre en cohérence le schéma de modernisation de l’Administration avec la notion de performance dans la gestion des finances publiques, prendre en compte la place du responsable de programme comme nouvel acteur de notre dispositif administratif, privilégier les relations horizontales voire fonctionnelles au détriment des rapports hiérarchiques qui prévalent dans l’Administration actuelle et faire la revue analytique et la mise en cohérence des textes juridiques sur les finances publiques.